Odeur d'Orient

5 Mai 2009, 19:00pm

Publié par Littorine

Elle portait une odeur d'Orient...
par Bernard-Elie TORGEMEN

Jacques se débattait deux fois par semaine à heures régulières, dans mon cabinet, face à la douleur et à l'incompréhension d'avoir été abandonné à 4 ans.
Rien ne sortait, ni mots ni larmes. Il souffrait de ne pas pourvoir garder un amour.
Juste avant lui, je recevais un autre homme.
Quand ce dernier eut fini sa cure, c'est une jeune femme, Anna, qui prit sa place.
Elle portait un parfum ambré, musqué et capiteux. Une odeur d'Orient.
Elle s'était fait faire une carte d'identité olfactive, dans le souk de Marrakech, par un artiste parfumeur qui composait les essences en fonctions des odeurs intimes qu'il captait de chacun.
Elle me consultait pour un trop-plein d'amour qui effrayait les hommes
et la laissait naviguer seule dans l'existence.
Du jour où Anna et Jacques se sont succédé dans mon cabinet, ce dernier se mit à parler.
Lors d'une séance, il me dit qu'il était troublé de s'allonger sur le divan, dans les traces que laissaient le parfum et l'odeur de cette femme qui le précédait et qu'il ne rencontrait jamais.
Il se mit alors à pleurer comme un bébé.
Des images liées à des odeurs lui revinrent. Il parla d'abord des remugles aigres de l'orphelinat, puis d'essences en parfum, il remonta à l'odeur de sa mère dont, jusque-là, il n'avait aucun souvenir.
Par le parfum, les odeurs et les essences, cet homme s'est reconstruit,
s'est redressé, s'est ouvert et s'est épanoui. Il a fini sa cure.
Anna, la patiente qui le précédait, finit la sienne très peu de temps après.
Deux ans après, j'ai reçu deux enveloppes contenant un faire-part semblables.
A ma grande surprise, quand je les ai ouvertes l'une après l'autre, il en a émané des fragrances qui m'ont rappelé Jacques l'homme qui s'était reconstruit à partir de son nez,
et Anna, la patiente qui faisait faire ses parfums à Marrakech.
Ce que disaient ces faire-part et leur petite lettre d'accompagnement, le secret professionnel m'interdit de le raconter, mais rien ne vous empêche de l'imaginer
et de laisser planer sur vous un parfum de bonheur.

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agathe

10/05/2009 22:39

c'est curieux comme une odeur peut nous rappeler quelque chose de lointainun souvenir c'est très beau ce passage et puis ce Maroc. . .Bonne nuit à toi je t'embrasse

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Littorine

10/05/2009 22:43

Nous avons tous nos madeleines ...de Proust ! Je t'embrasse Agathe, douce nuit à toi.

Francoise58

07/05/2009 10:18

très jolie histoire, je sens les effluves de leur parfum venir jusqu'à mon nez. Bisous et bonne journée

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Littorine

07/05/2009 19:38

Ah toi aussi tu les sens...

Terrienne

06/05/2009 16:34

je t'envoie un tout petit rayon de soleil, si pâlichon qu'on le distingue à peine, mais je suis sûre que tu sauras en prendre soin et lui murmurer des mots doux à l'oreille pour qu'il grandisse, prospère, et te donne, ainsi qu'à tous ceux que tu aimes la joie de vivre. J'espère que cette fois-ci mon com va partir vers ta boite?

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Littorine

06/05/2009 22:20

Ah ton petit rayon de soleil Terrienne me réchauffe le coeur...et ton com par la même occasion, puisqu'il est bien arrivé. Bonne soirée

Jackie

05/05/2009 19:08

Il y a comme ça dans nos vies, une odeur, un mot , une musique, une ambiance qui peut-être déterminante...et ça peut prendre des années avant de ressurgir..AmitiésJackie

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Littorine

06/05/2009 22:01

Oui, tout à fait, l'essence des sens. Je l'ai vécu il y a quelques années. dès que je sentais une odeur précise, je me mettais aux aguets, d'une éventuelle rencontre. Bises Jackie bonne nuit

standley

05/05/2009 12:57

Un passage intriguant. Je ne connaissais pas cet auteur.Bonne journée.

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Littorine

06/05/2009 21:53

c'est surprenant, tout le monde à envie de poursuivre cette lecture, moi même je reste sur ma faim. bonne soirée standley.