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Littorine - Marie France

Le conte de la petite fille qu'on appellait toujours "ma grande"

18 Novembre 2009, 22:00pm

Publié par Littorine

Il était une fois une petit fille qui avait grandi trop vite, trop rapidement.
Non seulement dans son corps, dans ses jambes, dans ses bras, mais dans tout le reste.

A huit ans, on lui demandait d'être serviable, attentive, raisonnable.
- De ne pas se plaindre, de ne pas se mettre en colère,
de ne pas faire de caprices, de ne pas avoir d'exigences.
D'être grande, quoi !

Ne croyez pas que ses parents étaient des bourreaux.
Oh non, ils lui demandaient simplement :
- Fais nous plaisir. Seulement cela, on ne te demande rien d'autre
 que d'être gentille, que d'être obéissante... ce n'est pas difficile çà !

Comme cette petit fille n'avait jamais osé demander quelque chose,
 elle n'était jamais déçue.
Elle ne savait pas si elle était heureuse ou pas. Elle n'avait pas de désir propre.
Elle était sans attente.
C'était les autres qui avaient des attentes à son égard.
Et son plaisir à elle...était de faire plaisir...aux autres !
Du moins l'imaginait-elle.
Quelque chose cependant aurait dû l'alerter,
car les autres ne témoignaient pas beaucoup du plaisir
qu'ils avaient à ce qu'elle soit
"comme elle devait être".
Pour eux, cela allait de soi.

Pour être tout à fait juste,
je dois dire que quelque-fois, le soir juste avant de s'endormir,
quand elle suçait son pouce, le drap sous le nez,
les yeux ouverts dans le noir,
un sentiment d'injustice l'effleurait de son aile noire. Oh ...à peine !

Elle imaginait aussi qu'il y avait un pays où les petites filles
pouvaient êtres petites longtemps, longtemps.
Un pays ou les parents écoutaient les désirs des enfants,
même s'ils ne les réalisaient pas toujours.
Un pays où les enfants pouvaient jouer à être grands,
mais seulement jouer...à être grands !
Certains soirs, elle imaginait qu'elle partait pour ce pays,
avec un grand sac et qu'elle l'emplissait de rêves,
de jeux, de rires et aussi de sanglots.
Car vous l'avez deviné, cette petite fille ne pleurait pas du tout...
"puisqu'elle devait être grande".

La suite de l'histoire est étonnante.
Il faudra que cette petite fille attende d'avoir quarante ans.
Vous m'avez bien entendu, quarante ans, pour oser devenir petite,
pour oser avoir des désirs impossibles, pour oser pleurer et rire.
Pour oser danser et même faire des bêtises.

Elle avait déjà à l'époque des enfants et un jour sa propre fille lui demanda:
- C'est vrai, maman, que tu n'as jamais pu être petite quand tu étais petite ?
- C'est vrai, j'ai vécu comme si je n'avais jamais eu ni le temps,
ni l'idée, ni la possibilité d'être petite.
 Oui très tôt, lui dit-elle, je suis devenue grande.
C'est seulement aujourd'hui que je comprends.

Tout s'est passé comme si mes propres parents
n'avaient pas eu le temps de grandir, quand ils étaient enfants,
et que moi je devais être grande pour eux...

Il arrive parfois à des ex-petites filles d'attendre longtemps, 
longtemps pour oser être enfin petites...


J. SALOME

Ce conte n'est pas que pour les petites filles,
il y a aussi des petits garçons qui vivent cela !

Commenter cet article
N
<br /> j'ai deux amies filles ainées d'une fraterie de 6, elles n'ont jamais réussi à contacter l'enfant qui les habite. EN même temps, les petites filles souvent sont en demandes de responsabilités. Pas<br /> facile n'est ce pas..<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Rien n'est facile ! j'entend ce que tu dis sur les filles, mais je pense vraiment que l'on peut transposer au masculin... Bises Nicole merci pour ton com.<br /> <br /> <br />
:
<br /> J'ai essayé de plancher sur la citation du dessus mais trop difficile la disertation ce soir, j'ai le cerveau un peu ramollo  ou alors rempli de trop de<br /> choses. Un petit conte de Mr Salomé, c'est bien mieux avant de dormir. J'adore ces petits textes.<br /> Pas facile de trouver les mots justes pour parler à un enfant. Si tu le considères comme un grand, on te dit que tu ne lui laisse pas le temps de vivre son enfance et si tu lui dis "ma puce", comme<br /> il m'arrive encore de le dire à mon fils, il m'envoie promener en me disant "mais maman, je suis grand maintenant". Pfff vas y comprendre quelque chose toi.<br /> Je terminerai la soirée sur ce texte que je vais méditer... 5 minutes avant de m'endormir.<br /> Bise<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Alors ma p'tite puce je te souhaite un très bon W.E ...comme tu le constateras je pouvais dormir ce matin et bien non je suis réveillée  j'irais dormir dans la journée...puisque c'est les vacances ! Bonne journée Krys<br /> <br /> <br />
L
<br /> Oh non d'une pipe , que j'aime jacques salomé , j'ai deux ou trois livres de lui , mais je ne me souviens pas avoir lu ce texte qui me parle tant comme à beaucoup d'entre nous sûrement ! Toc en<br /> plein coeur !!! Petite fille très sage , raisonnable , j'ai été  !!!<br /> Pas malheureuse , non , mais il manque quelque chose , oui ! et ensuite transmission aux enfants  ...faire plaisir , essayer d'être parfait  !<br /> Bon , j'arrête là , je voudrais te dire que ton message ce matin m'a apporté un beau sourire  ! merci  littorine , oh , tout simplement , je n'avais pas vu que j'avais une  touche<br /> avec ce beau cheval ! C'est vrai , ça , et tu as vu  son oeil coquin ! hi, hi !!! Bonne journée , gros bisous ! <br /> <br /> <br />
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L
<br /> Ah je vois que je ne suis pas la seule fan de ce cher homme (çà je le savais) oui ces textes prennent aux tripes ! Bonne journée Lanourse fait toi plaisir<br /> <br /> <br />
R
<br /> Je connaissais ce conte de Salomé, et ne m'en lasse pas, il est si juste, je me retrouve dans ce texte, toujours être une petite fille modèle, seuls les garçons pouvaient être petits... c'est vrai<br /> que c'est dur et qu'on a du mal à s'en défaire.<br /> Bonne soirée à toi Littorine <br /> <br /> <br />
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L
<br /> Comme je le disais à Sittelle, Salomé soit on l'aime, soit on le déteste...je suis contente de savoir que Renard aime, çà ne m'étonne guère. Au fait c'est une dur saison pour toi en ce moment , les<br /> chasseurs sont de sortis !!! Prend soin de toi et fait toi toute petite . Je t'embrasse<br /> <br /> <br />
S
<br /> J. Salomé met toujours le doigt là où il faut...<br /> Mais, c'est mon histoire... la trop grande...<br /> Allez, il faut avancer et ne pas, non plus, remuer trop la plaie autour du couteau !<br /> <br /> Si tous les parents avaient été "parfaits", si nous avions eu tous de conditions d'enfances idéales... y aurait-il tant d'artistes, de découvreurs, de rêveurs créateurs indispensables à la<br /> société ? j'ai des doutes en voyant nos ados gavés et repus de matériel...<br /> Merci, Littorine, tes textes sont toujours choisis avec bonheur; bonne journée, amitiés<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Bonsoir Sittelle...oui je sais il met toujours le doigt...il peut pas s'empêcher de pointer du doigts...c'est son grand défaut  Et souvent çà fait mal au début, parfois on s'habitue, parfois on lui claque la porte parce que c'est trop dur au moment où ...parfois on reviens vers lui ....parfois on le haït à<br /> tout jamais parce que ce qu'il dit est trop douloureux à entendre et qu'on ne le peut pas tellement la vérité nous saute au visage. Mais entre Amour et Haine il n'y a peut-être pas tant que çà de<br /> différence ! <br /> <br /> Il est sûre que la douleur développe soit la créativité...soit la destruction ! alors mieux vaut créer. <br /> Tu n'as sans doute pas envie de relire ce texte mais je te donne ma lecture de ce qu'il dit sur les parents, moi je lis qu'ils auraient sans doute pu faire mieux, mais je lis aussi<br /> qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu avec ce qu'ils étaient...et avec ce qu'eux même avait reçu ! <br /> <br /> Je t'embrasse Sittelle, c'est toujours un plaisir de lire tes coms ! Bonne soirée<br /> <br /> <br />