Pourquoi faut-il que la vie s'arrête juste.....
Mieux que personne, François Weyergans mêle la profondeur et l'humour,
l'émotion et le rire,
dans ce roman qui affirme avec force les pouvoirs de la littérature.
Extraits de "Trois jours chez ma mère." Goncourt 2005:
"...Pourquoi faut-il que la vie s'arrête juste avant notre enterrement, une des rares occasions de succès qui nous soit garantie ?
J'ai souvent imaginé le mien. Je commande mon cercueil à une jeune dessinatrice avec qui, bien sûr, j'ai une brève aventure. La cérémonie a lieu dans un aéroport ou dans une théâtre, parfois dans
une église baroque en Haute Bavière. l'intérêt de ce genre d'enterrement fantaisiste, comme on dit "kirsch fantaisie" (où il n'y a pas de kirsch), c'est qu'on a le premier rôle, bien qu'il soit
muet. Être en mesure de fantasme sur son propre enterrement prouve qu'on est en vie."
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"...Comme toutes les familles, nous sommes une famille à risques. On ne sait jamais d'où peut surgir un
dérapage. Si nous n'avions pas grandi ensemble, nous n'aurions sans doute aucun atome crochu. Tout simplement nous ne nous serions jamais rencontrés. Mais il y a cette enfance en commun qui nous
colle à la peau, cette expérience vécue, ineffaçable plutôt qu'ineffable, qui n'a pas fini de nous faire du bien ou du mal, selon les moments..."
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"...Une syllabe, parfois une simple voyelle, suffisent à faire apparaître un prénom qui comporte la même voyelle ou la même syllabe. Dans le cas de Claire et
Delphine, j'ai mis du temps à me souvenir que je surnommais Claire "Délice" quand j'étais petit. Nous sommes souvent régis par des lois que nous méconnaissons, des lois aussi inflexibles que dans
la grammaire où un mot dépend d'un autre mot dans la phrase. Quand les conjonctions de subordination régissent le subjonctif, on n'est pas libre de mettre l'indicatif. Je ne suis pas libre non
plus de séparer un prénom des autres..."